Des aménagements à mettre en place:
En primaire, certains enfants bénéficient d’aménagements sans que ceux-ci soient forcément formalisés sous la trace d’un document officiel comme le PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) par exemple. Le collège est un nouvel environnement et les attentes sont que les aménagements mis en place lors du primaire soient automatiquement et rapidement reconduits lors de l’arrivée de l’enfant au secondaire.
Voici donc les conseils qui ont été donnés :
-Signaler automatiquement lors de l’inscription de l’enfant ses spécificités et la mise en place des aménagements en primaire afin de l’aider à compenser ses difficultés.
-Laisser un temps d’observation à la nouvelle équipe pédagogique afin qu’elle puisse mettre au point les différents aménagements et éventuellement les compléter ou les réadapter dans le nouvel environnement qu’est le collège (ou le lycée).
Le temps d’observation semble une bonne idée quand on le regarde vu de l’extérieur. Effectivement, laisser le temps aux différents enseignants de connaitre leurs élèves semble intéressant, voire même fondamental si l’objectif est de mieux le connaitre pour mieux adapter les moyens de compensation. Entre le primaire et le collège, les besoins ne sont plus forcément les mêmes : le rythme s’accélère et il peut être nécessaire, par exemple, de penser à compenser des difficultés de prendre au bon rythme la trace écrite.
Malheureusement, sur le terrain, cette mise en œuvre est bien complexe. En effet, la première question que l’on se pose porte sur la durée de ce temps d’observation. Rappelons qu’un mois correspond à 1/10 du temps de l’année scolaire, 1/10 que dis-je, 1/8 en fait si l’on déduit les vacances scolaires. Après, il faut ajouter le temps nécessaire afin de réunir cette équipe pédagogique pour redéfinir les aménagements nécessaires à l’enfant. Même en admettant que ce temps soit nécessaire et incompressible, on ne peux que s’interroger sur ce temps « perdu » pour l’enfant lui-même tenant compte du fait qu’une année scolaire passe très vite et des écueils liés à la problématique de la confiance en soi et estime de soi (quelle valeur ai-je comme élève de 6ème ? suis-je capable ? …)
Un interlocuteur dans le secondaire ?
La seconde problématique est le rôle des rééducateurs (orthophoniste, ergothérapeute…) au sein de ce système. En effet, se confrontent alors les différents rééducateurs entourant l’enfant et la diversité des enseignants. Comment les informer et qui informer ? Le débat s’anime car plusieurs solutions sont évoquées : le chef d’établissement, le professeur principal, l’infirmière scolaire ? Si plusieurs solutions sont évoquées, quelle est celle que les parents doivent choisir ? Le chef d’établissement semble être le premier interlocuteur. Il est le chef de l’équipe pédagogique.
J’entends donc que le premier interlocuteur est donc le chef d’établissement. Incontestablement, il est le responsable du bon fonctionnement de l’établissement et a autorité sur l’ensemble du personnel. Il est celui qui veille au bon déroulement des enseignements notamment. Sur le terrain, celui que les parents rencontrent est le professeur principal. Sur le terrain (toujours), ce professeur principal n’a finalement que peu d’influence et/ou d’impact face à ces collègues. Il est encore du rôle du parent d’aller rencontrer les enseignants (notamment ceux qui n’entendent pas/ ne comprennent pas/ n’appliquent pas les aménagements à mettre en place). La solution idéale serait donc d’avoir un seul interlocuteur. Cette solution existe dans certains établissements : le professeur « ressource ». Cet enseignant accueille les enfants « dys » en tenant compte également de leurs points forts. La salle réagit… moi, aussi d’ailleurs ! Ce système « idéal » serait finalement « peu réalisable ». Le rôle des parents est donc encore primordial puisqu’ils sont le lien entre les enseignants, l’enfant (et les rééducateurs).
L’enseignant référent n’intervient que lorsque la situation de handicap a été reconnue par la MDPH. Son rôle est d’ailleurs souvent mal connu, voire peu connu des parents. Sa mission est définie clairement ici
Une nouvelle fois, il est rappelé à l’assemblée que le premier interlocuteur reste le chef d’établissement.
Terminologie spécifique Education Nationale:
Dès l’entrée en 6ème, il faut penser à la 3ème qui inclut passage du brevet (BND) et orientation. Les aménagements mis en place au cours de la scolarité seront décisifs puisqu’ils définiront par la suite ceux nécessaires au jeune lors du passage de son examen.
L’éducation nationale a une terminologie qui lui est propre : troubles spécifiques du langage écrit et de la parole. En fait, d’après ce que je comprends, l’éducation nationale est restée figée au rapport Ringard (rapport émis en 2000, suivi d’une circulaire de mise en œuvre en 2002). Or, troubles spécifiques du langage écrit et oral sont des termes utilisés pour parler de la dyslexie et de la dysphasie. Qu’en est-il de la dyspraxie, du TDAH… ??? La terminologie, les mots et la justesse des mots (comme nous l’a d’ailleurs rappelé dans la conférence plénière de clôture Denis POIZAT) ont leur importance. On se questionne alors sur cette terminologie tronquée et la méconnaissance ou non reconnaissance des autres troubles spécifiques des apprentissages. Sur Lyon, d’ailleurs notre centre référent est un centre expert des troubles spécifiques des apprentissages. Pourquoi ne pas reprendre cette terminologie ? … une spécificité « éducation nationale » comme il nous a été simplement rappelé.
Bref, surement mon coté tatillon diront certains. Il semble qu’il pointe un véritable problème de reconnaissance.
Les aménagements lors des examens ont été largement abordés. On préfère en faire un article spécifique plutôt que de vous en parler brièvement. Il me semble que le sujet est suffisamment intéressant, complexe et pragmatique pour justifier une page dédiée.
Ce que je retiendrai de cet atelier est qu’il convient de prévoir tôt les échéances telles que :
-le choix du collège.
A la question : y-a-t-il des collèges plus adaptés au « dys » ? Personnellement, il n’y a pas de vraie réponse. Les intervenants ont semblé plutôt botter en touche répondant que le collège de secteur était parfaitement capable de recevoir un enfant « dys ». Sur le terrain néanmoins, il semble que la réalité est moins fleurissante. Nombreuses personnes dans la salle ont d’ailleurs réagi, la réponse leur paraissant relever du monde des « bisounours », certains témoignages de parents présent dans l’assemblée allaient plutôt dans ce sens.
Il y a donc encore une fois une différence entre la réalité du terrain et le discours donné. Certes, sur le principe et étant donné la loi de 2005, les enfants « dys » devraient pouvoir aller dans n’importe quel collège et y être accueilli « normalement » mais il est fort de constater que dans bien des cas, les aménagements nécessaires à leur scolarité relèvent encore trop souvent du parcours du marathonien pour les parents.
-Les aménagements au cours de la scolarité
Oui, il y a une avancée. Non, ce n’est pas encore ça. J’ai été surprise pour ma part de très peu entendre parler finalement de PPS (projet personnalisé de scolarité) et de déclaration MDPH (reconnaissance « institutionnelle » du handicap de l’enfant) nécessaire pour assurer la bonne mise en place des aménagements. Or, il me semble que cette reconnaissance MDPH est un des maillons essentiels permettant la mise en place des aménagements à partir du collège. En effet, si en primaire, ces aménagements peuvent se mettre en place sans passer par une voie « officielle », il m’apparait que la diversité des enseignants au collège rend difficile cette pratique.
-Les examens
Demande d’aménagements aux examens définis suivant les besoins de l’enfant.
-L’orientation :
L’orientation… ah, savoir ce que l’on « fera de son enfant après la 3ème » en clair si votre enfant a au moins un an de retard en 4ème, il peut demander à réaliser un stage en entreprise en vue d’une orientation professionnelle en fin de 3ème. Finalement, beaucoup d’orientation professionnelle en fin de 3ème, une impression qu’il y avait comme une évidence. Heureusement, certains interlocuteurs ont rappelé que certains « dys » accédaient aussi à la voie générale. Ouf ! parce que même si c’est difficile, même si les aménagements sont l’une des clés de leur réussite, certains peuvent faire des études.
Handicap : faire bouger le curseur de l’injustice.
A l’issue de cette journée, une conférence était donnée avec comme orateur Denis Poizat. Son approche est très intéressante concernant le handicap. Il a d’abord commencé par donner quelques exemples de différentes civilisations pour nous faire comprendre que nos sociétés sont, depuis des millénaires, gorgées d’injustice.
Denis POIZATMaître de conférences Habilité à Diriger des RecherchesUniversité Lyon II – Vice-président du collectif Reliance
Les sociétés sont capables de supporter une dose d’injustice, une dose supportable, sans se manifester. Quand cette dose devient trop importante, quand elle n’est plus supportable, cela est alors différent. Le premier argument est donc le nombre. Plus, nous sommes nombreux, plus notre voix est entendue. C’est donc ensemble, tous ensemble que l’on devient fort et que l’on fait bouger le curseur. Ce curseur qui définit ce qui est acceptable ou non pour notre société. Pour faire bouger ce curseur entre aussi en jeu la notion de vie commune.
Parents, continuez d’accompagner !
Le mot de la fin appartenait à Oliver Revol. Après avoir récapitulé la journée, il s’est adressé aux parents. Il a insisté sur le rôle important des parents. Il nous a avoué qu’il a souvent dit aux parents de « lâcher » leur enfant « dys », de les « laisser vivre »… et qu’aujourd’hui, quand il croise des jeunes « dys » qui vont bien, qui sont bien dans leur vie, c’est que bien souvent les parents n’ont pas « lâché », ont continué à accompagner, soutenir…